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Affichage des articles du 2009

Les frontières II

Dans le débat sur l'identité national, l'accueil des étrangers et l'intégration sont des aspects totalement occultés. Ainsi que le note fort justement Madjid (suppaiku) : " On demande finalement beaucoup aux étrangers, sans jamais s’interroger sur ce qu’il pourraient apporter s’ils avaient un réel horizon devant eux. C’est quoi, « s’intégrer », quand on doit tout recommencer régulièrement…" En principe la procédure de demande de carte de séjour se passe ainsi: - la prise de rendez-vous avec un agent de la préfecture; - la réunion de toutes les pièces nécessaires pour le dossier; - le dépôt du dossier avec l'agent (il vérifie que les pièces demandées sont présentes et fait remplir un formulaire et le fait signer) et la délivrance d'un récépissé; - le retrait de la carte de séjour (à la suite de la réception d'un courrier annonçant sa présence à la préfecture). Au titre des documents demandés pour le dossier: - passeport, carte de séjour en cours du con

Les frontières I

" le conjoint français a vraiment l’impression de perdre ... une demi-journée, et ce n’est pas une impression, mais depuis le jour de ses noces on lui fait comprendre qu’il est suspect du fait d’avoir épousé un étranger ; je parle d’expérience" Maître Eolas [1] Dans le cadre du discours sur l'identité nationale dont un de ces membres s'est emparé avec une visée électoraliste, on oublie que la recherche introspective de son identité ne mène pas à une fierté mais à l'acceptation de soi dans ce que l'on a d'entier: ses défauts et ses qualités. Et la fierté? Elle est en berne lorsque l'on a à faire avec les services des étrangers d'une préfecture dans lesquels les non-français ne sont décidément pas toujours des usagers comme les autres. Ainsi depuis quelques temps, il y a une boule au fond de ma gorge qui ne disparaît pas, une forme de révolte, de sentiment d'injustice organisée, institutionnalisée. Il aurait été difficile de trouver de mots aus

la résilience face à l'incompréhension

(...) l’utilisation de la langue et les écarts avec ce qui est “correct” devenant insupportable (...) [1] Ce passage se retournait dans ma ma tête depuis un bon moment. Revenir sur cette lecture après une période de deux ans me bousculait, le rapport avec la langue ne me semblant pas totalement pacifié dans un couple mixte. La situation idéale où les deux conjoints partagent une relation appaisée sur la base d'une connaissance courante des mots de l'autre m'apparaît comme faussée : la compréhension totale d'une langue non maternelle n'existe pas et le niveau acquis n'est pas identique entre les deux personnes. Il serait salutaire d'abandonner l'idée de la naissance d'une compréhension intuitive formée par l'expérience et l'amour du couple, et de ne plus lier cette compréhension du couple à celle du langage - la méconnaissance en constituant un frein-. De fait, les rapports de langue sont des rapports de force, des rapports de tension qui ne

Un léger sentiment de précarité

Une photo à 5 ans : la plus ancienne dont je dispose. Légèrement déchirée et scotchée, décolorée par endroits. Petite bouille souriante. Le visage sera plus grave dans les suivantes : les enfants ont leurs propres tracas. Lorsque mon enfance ressurgit, c'est le sentiment d'être à l'abri du besoin, ou d'absence de l'incertitude matérielle qui revient en premier : nous n'avions ni de grand moyens ni de très grandes difficultés par rapport à d'autres, même pendant l'épisode du chômage paternel. Désormais ce léger sentiment de précarité ne me quitte jamais. Il m'habite. Si l'on se place du point de vue économique, un couple franco-japonais marié (une nécessité pour le visa) devra faire face à des dépenses que les autres n'auront pas à engager : Auparavant, le conjoint de français pouvait venir en France dans le cadre d'une autorisation de séjour de moins de trois mois (à l'instar d'un touriste) pour se marier et effectuer les déma

Sur le fil

Mardi 6 octobre. Absent la matinée, j'arrive directement au bureau à partir de 13h. Bien qu'ayant validé la veille mon absence matinale pour "raisons personnelles", C. me lance un joyeux "alors qu'est ce qui vous est arrivé?". Dans le monde merveilleux des sitcoms américaines, j'aurais répondu "je suis allé congeler mes joueurs de foot... (dans l'optique d'une FIV)" au bruit des rires enregistrés. Cependant je ne suis ni Matthiew Perry ni n'habite à New York. Je laisse mes interrogations personnelles de côté et reprend mon travail au bureau. Il est vrai que le monde est plein d'incertitudes pour beaucoup de gens, même s'ils ne le découvrent parfois que sur le tard. Pour les couples mixtes, il s'agit d'une réalité issue des frontières lointaines : incertitude administrative (les démarches pour le visa se sont complexifiées), économique (le coût de la vie & le conjoint trouvera-t-il du travail), géographique (h

De l'expressivité

Il y avait dans l'air une délicate attention de sa part. J'étais assis sur la table basse d'origine japonaise à réviser pour un futur examen professionnel quant tout à coup elle me servit un thé vert. La "timidité japonaise" me semble un leurre, comme tous ces raccourcis culturels que nous utilisons même sans s'en apercevoir, pour désigner une expressivité différente dans laquelle il est difficile de décoder l'individualité. Une mise en perspective dans la société japonaise serait nécessaire. Elle fait défaut ici. En partie. Mais au delà de tout cela, il existe une réelle pudeur de sa part. L'autre jour, partant faire un prélèvement à l'hôpital, elle me retient un instant pour demander à ce que je l'appelle une fois fini. Une inquiétude. ----- Je découvrais récemment un néologisme japonais moderne "KY" (kûki yomenai - [une personne qui] "ne peut lire l'atmosphère") notamment mentionnée dans le défunt site "intimig

Résidence à Paris entre France et Japon

Bien avant d'écrire ici, je me suis longtemps interrogé sur l'intérêt d'un blog en tant que journal intime. L'égo n'est pas étranger à la tenue d'un blog: il s'agit de se montrer, mais de ne dévoiler qu'une partie de soi même. Un égo filtré en quelque sorte. De cette représentation naît certainement un échange stimulant avec les lecteurs éventuels. Le blog a également une autre fonction, celle d'inciter à réfléchir sur son expérience et la formaliser en mots. L'exercice reste cependant difficile : le journal intime se doit d'éviter d'être exclusivement centré sur soi même et ne pas être à l'opposé un journal de pure description extérieure. Je préfère en fait l'expression journal de résidence, utilisé sur le blog de Lionel Dersot , car si l'intime rend les choses totalement personnelles, la résidence colle un homme à son lieu, elle le rend observateur par la force des choses. En généralisant, ces carnets de résidents au Japon i