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Articles

Affichage des articles du 2011

J'étais une machine...

La séance avait fait ressurgir de nombreux souvenirs. Oh, ils n'étaient pas enfouis, juste ignorés pendant des années, comme un dessin d'enfant - de soi même peut-être - sur une tapisserie jaunie. ***** Il y avait cette maladie génétique - un médecin m'avait parlé une fois de "défaut de conception" - J'étais une machine mal conçue. Le généticien sera au moins plus prévenant avec "l'histoire du patient". Moi à la troisième personne. ***** Et pourtant, elle ne se "voit" pas. Elle n'est pas un handicap et constitue juste de temps en temps une fatigue passagère. Une moindre résistance *. Je n'en parle pas. Jamais. ***** Il y avait bien eu ce professeur de quatrième. C'était la foi qui la soutenait et lui avait inspiré cette forme de confession devant toute la classe, à mon corps défendant. La réaction des autres ensuite, le regard qui change. Une insupportable envie de crier. " Ne tape pas sur *****. Tu

Le goût de l'intimité familiale dans une tasse de café

Autrefois, je croyais que la légère saveur de caramel était issue du café... Cette année le réveillon se déroulera en famille : l'occasion d'un retour dans cette ville, à plus d'une lieue de la tribu des Parisis. La précédente venue datait d'il y a longtemps, mais pas suffisamment pour une traversée d'Ithaque. Toutefois, le sentiment de décalage sera assez fort pour laisser une impression d'étrangeté : la modernisation de la gare, centre névralgique de toute banlieue, transformant le rapport à la Ville et le départ des amis d'autrefois, allés réaliser leur vie ailleurs, resteront assez forts... Un repas sans frères et sœurs, sans neveux et nièces, juste les parents et nous, plus une difficulté intime à faire face à l'absence. Un repas agréable à tester le foie gras aux poires et calvados du père, la lote aux agrumes de la mère, sans parler de son clafoutis... Ah, son clafoutis... Nous discuterons de repas, de l'arrière arrière grand père huili

La peau d'ourse entre les lignes

L'anecdote de La peau d'Ourse a suscité des émotions importantes, des choses que l'on ne peut glisser en commentaire dans un article qui positive, notamment à l'époque des fêtes. Cette anecdote m'a rappelé une époque où les fins de mois étaient impossibles : Le dernier week end avant la fin du mois nous avions décidé de faire un steack haché fait maison - il nous restait de la viande congelée -. Accident : un pot en verre tombe dans le saladier contenant le mélange. Va vite au supermarché, n'achète que de la viande puisqu'il nous faut économiser. Je n'avais que 2 euros et quelques en poche (+ plus une limite de compte atteinte*). Je regarde les packs - + 3 euros. Je me tourne finalement au rayon boucher pour demander un peu de viande hachée - il m'en hache trop. Je n'ai pas su lui dire stop à temps. J'en demande moins. Il m'engueule comme quoi la viande il faut la respecter et le trop plein qu'allait-il en faire. Un certain s

La mer et le retour au quotidien

La mer. Il ne s'agit pas de celle où se jette le tendre -nous partions à l'Ouest-. C'est un endroit qui n'a rien de particulier à part le bruit du ressac quand on s'approche. Après il n'y a rien, mais sans doute qu'au loin, très loin, se découvrent les nouvelles terres. Il y a pourtant du sel de la Vie - un affluent local - et des caramels à manger - même si nous ne sommes pas en Bretagne -. L'endroit lui plait. Il me repose. Elle y retrouve une proximité marine avec le Japon, qu'elle ne ressentait pas en Méditerranée. Je crois que ce bout du monde pourrait me convenir et apaiser certains questionnements, qui sait. Puis le retour au quotidien. Eeto, de Paris

La troisième

Le résultat de la troisième tentative fut négatif : cette épreuve amena une crise de couple à laquelle nous tentions de surmonter. Après la violence des sentiments et des reproches nous discutions du moi et du nous. En fait, depuis je ne sais combien de fois, j'ai écrit un article dans ma tête, puis recommencé avec l'espoir d'ordonner mes idées, sentiments, à défaut d'y voir clair dans ma vie - dans la notre -, tentant de dérouler la carte du tendre. Mais non, j'ai encore du mal à me projeter dans une vie sans enfant. Il me faut sans doute travailler dessus mais derrière le masque, reste une impression de tristesse.  Ainsi, dans mon entourage, quelques filles enceinte. Une amie vient d'accoucher. Ces situations me touchaient sans doute bien plus que de voir une famille avec enfants. Le quotidien reprend son cours mais au ralenti. Nous arrivons au cœur de l'été dans un Paris d'automne, après une parenthèse face à la mer. Eeto, de Paris.

trois

Il me prenait récemment des envies de Sicile. Non que je connaisse l'Italie, mais le reportage montrait le rivage et la mer. Le bruit du ressac. ***** La troisième tentative se sera déroulée d'une traite, presque sans que l'on mesure le sens de la chose. La première tentative est celle du test, de l'essai, on adapte le traitement à la personne. On y porte pas trop d'espoirs mais on se dit que l'on ne sait jamais. La deuxième tentative est celle de l'espoir. Après le coup d'essai on a la foi. Et il reste encore d'autres essais possibles... La troisième est comme un début de renoncement et de grandes questions sur soi et son futur. Bientôt une 4e ? Et puis ? L'infirmière nous avait apporté quelques mots d'encouragement : "- il faut continuer, de nombreux couples ont réussi lors de la quatrième ou cinquième. - Cinquième ?" Il faut savoir qu'au-delà de quatre, les tentatives sont payantes. Par curiosité je demande le coût. Mais

Curry

La porte de l'ascenseur s'ouvre. Des fenêtres du couloir transparaissent la lumière du soleil déclinant. Nous sommes à la fin avril, un peu avant le salaire, et je sens déjà d'ici le goût du curry. Je rentre. - karê ii desu ka? - iin janai? Nous n'entendrons pas le staccato du couteau raccourcissant sans pitié la ciboule. Cela sera sans doute pour le troisième jour où le fond du nabe (la casserole) ira rejoindre le tsuyu (bouillon) pour les nouilles de soba ou d'udon. La ciboule accompagnera avantageusement cette énième variation du curry de base - ni japonais, ni indien, un simple arrangement personnel entre Elle et son livre de recette. Il existe une relation charnelle avec le curry, nikomimono (plat mijoté) économique, qui "tient" (motsu) plusieurs repas. Un plat de l'attente pour tenir la fin du mois. Mais il ne se réduit pas à cela. Ici point de "leu"* - base de sauce déjà préparée [vendu dans une épicerie japonaise mais inabordable

Le bentô et l'objet "Japon"

A ujourd'hui j'ouvre mon Bentô pour découvrir en okazu (accompagnement) du shôga yaki (porc au gingembre). A côté, une maxime en japonais, photocopiée sur une revue "queneru" et placée par Elle. Bentô : boite repas japonaise à la mode en occident. Celle-ci vient de Muji : elle a pour avantage,outre sa micro-ondabilité , sa forme rectangulaire adaptée pour une insertion dans un sac de type besace. De Lionel Dersot ( Daily Kogey ): "J'ai une théorie pour expliquer l'engouement occidental pour les boîtes à bento. C'est le résultat de la crise économique, de l'impossibilité à Paris ou à Londres de manger correctement au mieux sans dépenser au moins le double de ce que cela coûte ici à Tokyo. (...)" ***** L'autre jour X m'avait catalogué comme "japonisant" avant de me présenter des excuses. C'est que l'objet Japon charrie avec lui un bagage chargé ici : vous devez forcement lire les mangas, regarder les dessins a

catharsis et tremblements

Elle fut très affectée par le tremblement de terre et le tsunami. Nous n'y étions pas. Et également soulagés de n'avoir aucune famille ou amis touchés par le désastre. Peut-être y avait il une forme de culpabilité de se trouver loin du danger, mais elle avait avoué qu'elle ne se serait sans doute pas trouvée concernée aussi profondément si elle avait été au Japon (à proximité de sa famille). En espérant le mieux pour ceux qui ont été touché, nous avons alors participé dans la mesure de nos moyens, à distance et sans publicité, car ce qui l'irritait le plus était la volonté d'affichage évoquée sur mixi ou autres communautés internet ("j'ai fais un don de xxxx. Et vous?"; "je suis enceinte et dois bientôt accoucher. Je vais m'accrocher aussi"). Ou bien l'organisation de "free market" (vides greniers) dont les résultats seraient reversés à une association caritative : il serait sans doute plus efficace pour chaque exposant d

La FIV II

Le protocole avait eu pour but de stabiliser et faire développer plusieurs ovocytes simultanément. La ponction prélève ceux-ci en nombre pour les féconder et assurer le développement de plusieurs embryons. Tous n'auront pas le même destin : certains ovocytes n'auront pas la maturité suffisante (trop petits) et d'autres ne réagiront pas à la fécondation ... La ponction se déroulera le mercredi sous anesthésie générale pour elle tandis que j'effectuerai un recueil. 8 prélevés, 5 de taille suffisante, 3 viables à l'issue du travail du laboratoire. Venez vendredi nous informera ce dernier. La fin de cette dernière étape nous procura un soulagement certain : le protocole reste une activité usante. La suite n'est pas sans inquiétude. Avant de s'engager dans la fiv, tout couple effectue des recherches sur les méthodes, le pourcentage de chances de réussite... Ainsi que le nombre de tentatives remboursées par la sécurité sociale : 4 - un protocole arrivé à son t

La FIV I

"Mais bon, vous allez passer par un hôpital n'est-ce pas ?" Avec les progrès de la médecine, il existe un certain nombre de techniques d'assistance médicale à la procréation (AMP) qui permettent d'aider les couples en peine de fertilité. A ce moment je n'avais pas eu conscience que seule l'existence de ces techniques avaient été popularisées et non pas leur processus dans le détail, comme-ci nous allions passer chez un concessionnaire puis presser un bouton avant de rentrer... Il avait fallu quelques années de travail sur soi pour pouvoir le dire : Auparavant, quand au détour d'une conversation au bureau, l'on me posait la question "alors c'est pour quand le bébé ?", "vous n'en voulez pas toi et ta femme?"..., je répondais, un coup au cœur, que l'on attendait le moment propice. Depuis, la parole libère : "nous avons des difficultés à en avoir". L'interlocuteur est gêné, peiné pour nous mais n'est

Anesthésie& Réflexion

Un rendez-vous pour 11h30. Un départ de chez soit à 10h20. A 12h00, un nouveau médecin nous prend en charge, un large sourire. Nous évitons ainsi la Docteure à l'aspect sévère. Le vétéran aux cheveux blancs, anesthésiste de son état, nous demande si quelque chose a changé depuis les 6 mois réglementaires de la dernière consultation. Non, rien ? Alors parfait ! A mon épouse : vous êtes japonaise ? Vous devez être suivie par le Docteur xxx, non? A moi : l'apprentissage du japonais doit être compliqué, non ? C'est un thème qui revient souvent, mais ici il ne dérange pas et l'affect rassure un peu. ***** Ce sont parfois les regards en biais, les tentatives d'aborder la conversation, les discussions périphéques qui glissent tout à coup sur le chinois (rarement le japonais) qui me gênent, alors que j'aimerai que l'on me laisse tranquille à lire mon livre. "Vous devez être intelligent pour avoir appris le japonais ?" Euh, non. C'est une lang