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Articles

Affichage des articles du 2015

Ce qui nous colle à la terre

Le staccato d'armes des terroristes m'avait apparu aussi innocent que le bruit des feux d'artifices dans ma demi inconscience du matin : j'habitais alors bien près d'un des lieux des drames de janvier 2015, et l'irréalité de l'événement me choquera durablement.Sans croire qu'un bis repetita se profilait en novembre.   Au début, l'idée était là : nous pourrions mourir au coin de la rue, sur une terrasse ou dans une salle de concert. Cela n'était pas loin d'une pensée pendant une période de guerre - mot malheureux, s'il en était, de notre président.  Et puis cela s'est délité : si la peur est toujours là, elle s’amenuise, on fait confiance au quotidien et à la "Réponse" des officiels et ce qu'ils proposent, mais uniquement par résilience.  Ceux qui n'ont pas le choix de vivre ailleurs et restent collés à cette terre semblent naturellement demander plus de sécurité. Je ne leur en veux pas. Il

La blanquette à la dinde

Cette blanquette s'est pensée à la dinde, notamment avec des morceaux de tiges de brocolis, des oignons ou carottes, du vin blanc et du reste de cidre, de la crème fraiche et du jus de citron. Accompagnée de riz rond du rice cooker. L'automne s'est déroulé de façon studieuse jusqu'à une conclusion décevante. Deux échecs après une année d'investissement et de sacrifice, c'est toujours s'exposer fortement avec une sensibilité qui s'est construite depuis l'enfance. La pression, notamment issue de cette ennuyeuse précarité, m'avait probablement tétanisé. Il y a sans doute une lassitude de plus en plus grande à l'approche de la quarantaine. Notre nouveau chez nous est sombre - la lumière indirecte -, avec un coin cuisine étroit et mal conçu. Il y a sans doute une part de stress dans tout cela. Cela s'apprivoise un peu. En attendant un jour un autre chez nous. Mais  bientôt, le quotidien nous rattrape : un mois surgit a

Brève du 13e...

L'espace d'un après midi, la cour se pare de couleurs... ... Nous ne saurons jamais comment ni pourquoi...

premières rencontres dans la cours...

Je m'étonne toujours de la facilité avec laquelle K. noue des contacts avec les gens. Je suis d'une nature plus réservée. Sa sociabilité l'incite parfois à demander son chemin uniquement pour entamer une discussion : elle sait déjà où elle veut aller. Avec nos nombreux allers-retours pour notre emménagement, elle m'entraîne naturellement vers des bonjours éclairants notre passage dans la cours de cet immeuble populaire du 13e arrondissement. D'origine chinoise, il part d'un tonitruant éclat de rire en répondant à notre salutation. Sa femme, aussi sévère qu'il est jovial, se tient en retrait. Il est le traiteur asiatique du rez de chaussée et demande vite à  K.  "- Vous êtes de quelle origine ? - japonaise. - moi chinois. Je ne suis pas allé en vacances car il fait trop chaud pour moi et rester coincé dans une salle climatisée tout l'été, non merci ! (avant de rire à nouveau). Et vous quel pays ? (je tourne à vide pend

Le devoir d'inventaire

Selon un ami architecte, notre nouvel immeuble est typique du début du 20e siècle : son apparence est cachée derrière des murs recouverts d'enduits. Un couloir d'entrée bas et étroit, débouche sur une cours centrale de laquelle partent 5 escaliers. 3 étages.  Une entrée basse, des couloirs et escaliers étroits, en bois. La rambarde est d'un bois sombre, vernis et lissé qui contraste avec le reste des parties communes. L'escalier n°2 possède une odeur légèrement acide, mélangée à la poussière des travaux de l'étage au dessus. Nous y réaliserons plusieurs exploits dont celui de transporter un convertible Ikéa à travers ces passages étroits. En fait, si le plus gros est fait, nous avons encore l'équivalent de quelques cartons à aller chercher dans nos appartements respectifs. En un sens, c'est fou ce que l'on accumule au fil des mois et des années et les déménagements imposent un devoir d'inventaire de la mémoire dans le tri de ces objets : v

La vie de château...

Prendre la décision de vivre ensemble est une étape importante de son histoire. Fréquenter une personne étrangère à l'UE amène toujours ces questions récurrentes de la durabilité du séjour et de la fragilité de la vie en couple. Cela a pour moi un soupçon de déjà vu et de cycle de la vie à la manière des bouddhistes. K est de toute façon bien différente de Y. On ne répète jamais totalement à l'identique et je me projette positivement dans tous les petits bonheurs futurs. Après une recherche de deux mois hors agence, d'envoi d'une centaine de mails/SMS, d'une demi douzaine de visites par semaines - vous en avez eu un échantillon au fil de l'eau -, nous avons fini par trouver un appartement dans un immeuble populaire du 13e arrondissement de Paris. Cette recherche fut bien éprouvante et nous fait prendre de plein fouet la montée de la pression du logement ces dernières années (un poste de dépense notamment en hausse par rapport aux augmentations de s

Lettre ouverte à vous, madame, propriétaire de plusieurs appartements dans la ville de C

"Chère madame, C'est avec tristesse que je viens de recevoir votre message téléphonique nous annonçant que notre dossier n'était pas retenu pour ce logement. Avant tout je loue votre politesse élémentaire, quand certains propriétaires ne rappellent même pas les personnes avec qui ils ont fait la visite de l'appartement. Je vous remercie également pour votre accueil et le temps très bref que vous nous avez accordé pour cette visite en question - certains propriétaires ne se déplacent pas, et d'autres laissent le locataire en place s'en occuper. Je dois vous avouer que les raisons de votre refus ci-dessous m'ont donné matière à réflexion : " Je suis désolé, vous m'apparaissiez comme des gens sérieux et bien mis, mais nous avons loué à une fille. Mon mari pense que louer à une jeune fille seule c'est mieux pour un appartement car les filles sont plus propres.  Et il ne veut pas louer à un couple car ils peuvent avoir

"L'immobilier a un goût d'économie d'ancien régime"

Ce soir je me sens aussi lyrique : j'ai parfois l'impression que le monde se ligue tout entier contre notre amour. La recherche d'appartement pour deux s'apparente à des moulins à vent alors que je lutte contre des géants pour ma Dulcinée... ***** "- Votre compagne est ...* ? - Oui.  - Je crois que cela ne va pas le faire." Elle raccroche. ***** "C'est plutôt un appartement pour étudiants [35m2]. Je ne vous empêche pas de le visiter, mais j'ai remarqué que c'étaient plutôt des étudiants qui le prenaient. Bon l'immeuble est propet , mais à votre âge, on en demande plus...." ***** "Vous ne croyez pas qu'à votre âge un plus grand espace est nécessaire ? [45m2]" *****  Un appartement dont le propriétaire ne se déplace pas pour faire la visite (nous sommes deux à attendre) et ne répond plus au téléphone. Déjà loué sans doute. Un autre appartement pour lequel la propriétaire doit demande

Cela fait sens...

Ce qui frappe aujourd'hui c'est la réflexion apportée par l'article de Senbei (blogue) : L’individu n’existe pas parce q’u il n’a pas de place légitime . Il n’y a que la collectivité/communauté, et l’égoïsme. Les deux se juxtaposent, nécessairement, parce qu’humainement.  On ne sort de l’un que pour tomber dans l’autre. Source (allez y faire un tour) : article de Senbei .

Le choix du roi, mais pas le mien...

La fenêtre de l 'appartement du dessus s'ouvre tout d 'un coup et un jeune à l'aspect hargneux se met à beugler : -  "qu' est c'tu fou ici !   - Pardon ? -Qu'est c ' tu fou ici, j'te dis ! - Je viens pour la visite d 'appartement. - Ah dac !" et le bouledogue referme sa fenêtre.  ***** Parmi les nombreuses précarités de la vie parisienne (et quand je dis Paris, je pense à l'île-de-France, que je pratique. Que les autres régions me pardonnent, je ne les connais points), se trouve en première place le logement et les crèches, sans aucun doute. Ces dernières, ne font pas partie de mes préoccupations, pour toutes les raisons que vous avez pu lire auparavant - dans les lignes ou entre deux, c'est selon -. Le manque de logements abordables ou à un prix juste en location, avec des critères d'accession corrects, métamorphosent finalement la recherche de logement en un chemin de croix.  On visite, on visite.

Le jour du repos du foie

Hier, avant d'aller retrouver des amis au nouveau Ramenya de Paris, dont tout le monde parle, je fais un crochet à l'épicerie japonaise pour quelques achats. Et notamment un saké (petite bouteille), pour des amis qui veulent découvrir cette boisson (*), et que je porte sous le bras... Au même moment, une jeune femme de l'épicerie propose une séance de dégustation d'un saké (sans doute bien supérieur). Voyant ma petite bouteille sous le bras, d'un signe de connivence, elle me fait : " Vous voulez goûter ? " Un signe vers mon ventre - je ne suis pas en forme ces derniers jours (sans avoir de vie dissolue), en raison d'un reste de rhume ou allergie, d'un concours que je viens de passer, etc... - puis pour refuser. " Allons, juste pour goûter ? " " Kyûkanbi desu " J'ai essayé l'expression japonaise "le jour du repos du foie" pour me sortir de ce pétrin. Elle se met à rire, surprise, a